“Ath Une société renaît à Maffle, sur les ruines de l’entreprise Gain-Bougard
La scierie de pierres retrouve son mordant
MYRIAM MARIAULLE
Carrières de Maffle veut conserver sur le sol wallon les savoir-faire liés à transformation et la distribution de la pierre. Pour que la région continue à tirer parti de ses ressources naturelles.
Dans l’entité athoise, les activités liées au travail de la pierre ont pris le chemin du musée, et celui ouvert à Maffle en vit même bien. Les carrières, elles, sont des sites de loisirs verts : l’industrie d’extraction y a cessé sur le coup de 1960. Quand l’entreprise Gain-Bougard, spécialisée depuis 1886 dans la transformation de pierres, a fait faillite en 2000, le Pays vert a senti encore un peu plus que son riche passé carrier était derrière lui.
Pourtant, en avril 2002, non loin du musée de la Pierre et d’une carrière maffloise, les machines ont repris du service. Le repreneur entré en scène n’était pas un inconnu dans le secteur : il s’agit d’une famille d’entrepreneurs de Bruxelles, à l’oeuvre depuis quatre générations et très cotée dans la filière du marbre.
Avec Gain-Bougard disparaissait la dernière grande entreprise du secteur. La famille Crombé a réagi : le savoir-faire de l’entreprise maffloise est connu dans un rayon de 300 kilomètres. Le secteur du bâtiment est le principal acquéreur des produits taillés à scierie, essentiellement des semi-finis (tranches et colonnes de pierres pour l’aménagement).
La pierre sortant de la scierie, voit sa valeur multipliée entre 5 et 20 fois. Cette industrie, que maîtrise la Flandre, gagne à être réalisée sur le sol hennuyer qui fournit la matière première. La pierre bleue utilisée à Maffle vient de Soignies, celle de Vaulx, du Tournaisis. Arrive de France la pierre blanche.
Les repreneurs, forts d’un premier réseau de clients et heureux d’avoir sauvé un intéressant parc de machines, cherchent de nouveaux débouchés et partenariats, gagnent la confiance d’entrepreneurs locaux, pénètrent le marché des travaux publics. Puisque la mode est à installer des piétonniers en centre-ville, nous avons une place à (re)prendre, explique le gérant Guy Crombé, déplorant que certaines communes aient choisi de se paver de pierre étrangère.
L’extension de la scierie repose aussi sur ses travailleurs. Autrefois, ceux-ci se bousculaient dans cette discipline encore manuelle. Aujourd’hui, ils sont les oiseaux rares, que l’entreprise essaie de « traquer » avec l’aide du Forem. Claude Gorez, de Casteau, est le seul à maîtriser le métier de taille dans la scierie. Quand il a été malade, toute notre activité s’en est ressentie. Nous espérons qu’il réussira à former des jeunes à son art, continue le gérant. Des huit ouvriers laissés sur le carreau par la faillite, six ont été réengagés ; deux jeunes ont été en plus embauchés. Dans l’année, une dizaine d’emplois, pour personnes acceptant une formation, pourraient être créés. D’autres sont prévus ensuite.
La scierie veut égaler le chiffre d’affaires de Gain-Bougard à sa fermeture (600.000 euros) et le doubler l’année suivante. Autres objectifs : ouvrir un hall commercial, assurer la distribution exclusive en Belgique de marbres italiens colorés et rouvrir ses liaisons par chemin de fer.”